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    1er février 2016

   C'était ma première séance avec lui. Son dossier est effrayant, mais son cas est particulièrement intéressant. J'avais hâte de connaître cet individu qui garde des secrets, probablement plus sombres et horrifiques que je ne pouvais me l'imaginer. Mon devoir est de l'aider et de lui faire dire la vérité. On m'avait prévenu que son caractère était difficile à supporter, mais cette information me donnait encore plus envie de le rencontrer. Cet homme avait aussi une particularité qui ne m'échappait pas vraiment, tout cela d-...

   La porte de mon bureau s'ouvrit soudainement. Ma tête s'était à peine levée qu'un sourire se forma sur mes lèvres. Le voilà. L'excitation me brûlait le corps. Un regard sur ma montre. Deux minutes d'avance. Eh bien, moi qui pensais que ses rendez-vous chez moi allaient l'embêter. Je me suis levé et avancé vers lui pour lui tendre ma main.

"- Bienvenu, je suis Mark Caulfield, votre psychologue."

Aucune réponse. Ses yeux s'étaient simplement baissés sur ma main tendue avant de me fixer d'un regard noir. J'en eus un frisson.

"- Vous pouvez vous asseoir." Lui dis-je en lui désignant le canapé dans le coin de la pièce.

En silence et d'un pas lourd, il se dirigea vers le meuble pour finalement s'asseoir. A mon tour, je pris place sur le fauteuil à quelques petits mètres de lui. Bloc-note et stylo à la main, j'étais prêt pour mon interrogatoire.

"- Quel est votre nom ?

- Treize.

- Votre vrai nom.

- Numéro 13."

J'en étais sûr. Voilà à quoi je pensais avant qu'il n'arrive. Ce patient avait pris comme une nouvelle identité depuis qu'il s'était retrouvé en prison. Une particularité qui n'était pas inhabituel chez des patients étant des anciens détenus.

"- Je peux vous appeler Liam ? C'est votre prénom pas vrai ?"

Un simple silence. Son regard était vide, avec toute absence d'expression sur le visage. J'avais l'impression d'être en face d'un robot ou d'un zombie.

"- Savez-vous pourquoi vous êtes ici Monsieur Mars ?"

Encore ce silence. J'allais probablement avoir plus de mal à le comprendre au final. Et, il ne semblait pas répondre lorsque j'utilise sa véritable identité.

"- Numéro 13 ?

- Je suis ici parce que j'y suis obligé.

- Qui vous y a obligé ?"

Son regard s'était tourné vers moi, me transperçant.

"- Pourquoi vous me posez des questions alors que vous savez déjà tout de moi ?"

Je me suis pris à prendre des notes, ne pouvant plus supporter ses yeux dans les miens. Ils me mettaient tant mal à l'aise, dégageant un air oppressant.

"- Je ne connais pas tout de vous.

- Vous voulez parler de ce que j'ai réellement fait ?"

Après ses mots, ma main arrêta immédiatement de diriger mon stylo sur la feuille blanche. J'avais bien entendu ? Je levais lentement mon visage vers lui tout en me redressant pour m'asseoir de nouveau correctement. Cela pouvait peut-être être plus simple à aboder de cette manière, puisqu'il venait de me tendre la main pour la saisir et parler de ce sujet.

"- Je ne sais pas ce que vous avez fait. On m'a juste dit que vous avez commis un crime. Certers j'-..."

Il s'était mis à rire. J'ignorais si c'était nerveux ou simplement parce que je l'amusait, mais c'était perturbant.

"- Il n'y a jamais eu de véritable preuve derrière cette accusation. Me répondit-il après s'être un peu calmé.

- Des éléments peuvent le prouver. Voulez-vous que je vous les montre ?

- Ce n'est pas la peine, j'ai vu ces photos, ces vidéos et entendu ces enregistrements presque une centaine de fois. Si vous voulez continuer à m'interroger de cette manière, c'est raté. Passez à autre chose, vous perdez votre temps. A moins que vous appréciez faire ça."

Ce n'était pas la première fois qu'on me disait quelque chose de ce genre, mais de cette façon, jamais. Il voulait jouer ? Alors jouons.

"- Je perds mon temps à essayer de parler à un individu qui n'a en effet commis aucun crime. Le véritable coupable se nomme Mars Liam. Numéro 13 n'a rien à voir dans cette conversation."

Le petit sourire qu'il avait gardé de son rire s'était évaporé à mes mots. Ses sourcils se fronçaient lentement.

"- Connaissez-vous cet homme, Mars Liam ?

- Oui." Répondit-il simplement en ayant repris une expression des plus neutres.

Je n'aurais pas cru qu'il allait me répondre. Il y a quelques minutes, il ne répondait pas lorsque je mentionnais ce nom.

"- Et, où est-il en ce moment-même ?

- Mort."

Je n'avais pas eu le temps de rajouter quoi que se soit d'autre, que mon patient se leva et quitta calmement mon bureau.

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