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Ryan Wilson

"J'ai fini par oublier ce que je déteste et ce que j'aime."

Ca n'a jamais été facile. Entre mes frères et ma mère, je n'ai jamais pu prendre du temps pour moi. La situation est devenue de plus en plus compliquée et, tout a basculé. Ca fini toujours comme ça de toute manière, on ne le choisit pas. A cause de ce putain de truc ... Je crois que si je pouvais retourner en arrière, je le ferais sans hésiter. Mais, ce ne serait qu'une envie au final. Je n'aurais plus la force de revivre ça, puisque n'importe quelle chose que j'aurais pu faire, rien n'aurait pu modifier les complications qu'on a rencontré.

La vie ne m'a jamais réussi. Arrivé sur le trottoir, j'ai eu du mal à réaliser qu'il était devenu ma nouvelle maison. Humide, envahit par des ignorants pressés, il est certes inconfortable, mais immense. Je peux me perdre dans les rues et ruelles, peu importe, chaque coin est une maison pour moi. Au bout de quelques jours, j'ai pris conscience qu'avaler ma salive était un délice, sauf que plus le temps passe, moins elle se renouvelle dans ma bouche. Ce délice devient une rareté, comme tout le reste. Mes lèvres sont souvent brisées, mon corps manque de me lâcher quand la force s'en va. Par moment, mes pensées sont tournées vers ma mère et mes frères. J'ignore où ils sont désormais.

La faible quantité de nourriture que je pouvais trouver s'est transformé en manque sévère. La pitié des ignorants ? Non, on me crache à moitié dessus. J'avais besoin d'argent et la détresse m'a poussé à faire quelque chose. Je suis tombé sur ce bar, un bar hustler. D'abord, je refusais de me foutre là-dedans. Pour moi, la pureté de mon corps était la seule chose qui me restait. Mais au bout du compte, l'argent était plus important qu'autre chose et ce moyen était le meilleur pour l'avoir rapidement et le plus souvent possible. Au début, je pensais que je n'allais jamais mis faire, mais au final, la douleur était de plus en plus simple à supporter. Je me suis transformé en un objet sexuel. Comme je l'avais espéré, l'argent arriva rapidement à mes poches. Un nouveau comme moi ici, ça attirait les plus dominants. J'ai très vite eu droit à un surnom pour me nommer dans ce domaine. Cependant, la misère qui m'entourait ne semblait pas suffire. Lors d'un moment avec un client, j'ai goûté quelque chose qui m'a empoisonné. Cet enfoiré m'a plongé dans le monde de la drogue. Elles sont devenues mes nouveaux besoins. Par moment, je choisis d'acheter un peu de drogue après quelques économies et de me laisser crever de faim. Stupide mais le manque de ces substances me faisaient beaucoup plus souffrir mentalement. Parfois, lorsque j'ai la chance de donner mon corps à des gens touchant aussi la drogue, j'ai le droit d'en consommer un peu, comme un petit susucre qu'on donnerait à un chien pour le féliciter ou le récompenser. Le seul côté positif, c'est quand je suis défoncé, ce que je suis en train de faire m'est complètement égal.

 

Si je crève demain, j'en ai plus rien à foutre.

"Ryan est quelqu'un de froid. Il veut juste sa récompense et continuer d'essayer de survivre sans qu'on vienne le déranger. J'ai beau être un client fidèle, il ne s'est jamais ouvert à moi. On discute toujours un peu après, une clope entre les lèvres, un peu de poudre, de sujets tout à fait divers. C'est toujours moi qui commence les conversations, mais au bout de quelques minutes il finit par me poser des questions, sur mon travail, ma femme, ma famille ... Toute ma vie. Je n'ai rien à lui cacher, il a toutes les réponses qu'il souhaite. Mais, lorsque c'est moi qui pose une question, j'ai le droit à un silence, un regard vide. Bien sûr, je sais qu'il vit à la rue, qu'il fait tout ça pour justement vivre du mieux qu'il peut, comme beaucoup de personnes travaillant ici. Mais son passé ... Où il vivait, sa famille, qui il était ... Et qui il est tout simplement. Au final, Ryan s'en fiche complètement de son être, de son corps. Il veut juste du fric et de la drogue. Je ne l'ai jamais vu sourire quand il n'est pas défoncé.

Une chose m'a perturbé la première fois que j'ai vu son corps, hormis les traces de seringue. C'est cette marque au fer au milieu des omoplates. Un "S" barré suivi d'un numéro, "6"."

Client

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