RPG
15 février 2016
Il y a deux possibilités. La première serait que Liam m'aurait donné exprès des idées à propos d'autres jeunes qu'il aurait assassiné, et non sa soeur, dans le simple but de m'avouer qu'il n'a pas tuer sa soeur, mais bien d'autres personnes qui auraient pu poser problème à un adolescent de 16 ans, mais aucun corps n'a été retrouvé, et j'ignorais si des disparitions avaient eu lieu aux alentours et à une période qui correspondrait. La deuxième possibilité serait que Liam m'aurait effectivement donné exprès toutes ses idées dans la tête dans le but de m'induire en erreur et de m'écarter du véritable meurtre, celui de sa soeur Molly.
J'avais hâte de savoir si j'allais faire fasse à Liam Mars ou à Numéro 13 même si je sentais qu'il allait encore jouer avec moi.
Liam Mars est l'un de mes patients les plus mystérieux que j'ai pu avoir. Habituellement, je discutais vraiment de ce qu'avait fait des anciens détenus. Certains pleuraient sur mes épaules et voulaient chercher le pardon, d'autres étaient plus froids, sans émotions, et me racontaient le pourquoi ils avaient fait cela, sans forcément avec regret. Mais lui, il était un homme incompréhensible et perdu dans un sens, dans sa propre vie.
J'étais en train de changer les quelques paperasses sur mon bureau alors que mon patient arrivait. Ma tête se leva dans sa direction. Il ne semblait plus être le même. Son expression du visage avait l'air plus pure. J'ignorais pourquoi j'avais cette impression, mais j'espérais simplement que cela signifiait que cette séance allait être hors du mystère.
"- Liam ?
- Bonjour." Répondit-il en s'avançant vers un des meubles de mon bureau.
Il était curieux et regardait les petites babioles posées dessus. J'étais satisfait de voir qu'il ne voulait plus utiliser son "deuxième nom". J'espérais juste ne pas me réjouir trop vite.
"- Vo-...
- Depuis quand faites-vous ce métier ? Demanda-t-il en me coupant la parole.
- Oh euh, ça fait vingt-un ans. Pourquoi est-ce que ça vous intéresse ?
- Simple curiosité."
Sa question me perturbait. Il commençait à s'intéresser à ma vie, et je n'appréciais pas vraiment cela. En général, cela ne me dérange pas plus que cela, mais disons que ce type était différent. Son mental changeait constamment.
"- Qu'est-ce que ça vous a fait d'avoir été en prison ?"
Il lâcha le même genre de rire qu'une autre fois, rapide en expulsant de l'air par le nez, avant de se diriger vers mon fauteuil où j'étais toujours assis lorsque j'étais avec un patient. Il l'observa avant de prendre place.
"- Vous savez Mark, lorsqu'on est en prison, le temps est lent et cela nous laisse souvent seul, face à son esprit, sa conscience. C'est mauvais de laisser quelqu'un seul avec sa tête. Elle se met à réfléchir, penser au passé et à d'autres choses, avoir des idées. Elle peut finir par vous rendre fou. Pour ma part, la mienne était très active et me laissait des idées. Je ne pensais pas vraiment, je réfléchissais plus qu'autre chose."
Mes sourcils se fronçaient. A quoi voulait-il encore faire allusion ? Prenant mon carnet et mon stylo, je me levais de derrière mon bureau pour m'avancer vers lui. Puisqu'il avait pris ma place, je m'étais assis sur la table basse entre le fauteuil et le canapé. Il était hors de question que je m'installe à sa place. Il se serait encore pris le droit d'échanger nos rôles.
"- A quoi réfléchissiez-vous ?
- A qui j'étais. Me répondit-il alors que son regard se posait sur moi.
- Numéro 13 ?
- Peut-être bien.
- Une réponse claire.
- Vous aviez vous-même déduit certaines choses. Vous pouvez comprendre par vous-même alors.
- Donc vous faites allusion au fait que j'ai déduit que Numéro 13 est une identité avec des pulsions de meurtres ?
- J'ai réfléchis pendant longtemps à savoir quelle personne j'étais réellement. J'ai fini par comprendre que je n'étais pas un pion de la société.
- J-Je ne comprends pas ..."
Un sourire était apparu sur ses lèvres après mes mots. Ca y est, il jouait de nouveau avec moi. Il se mit alors à jouer avec ses doigts. Avec ce sourire, il avait le portrait d'un psychopathe.
"- Le commencement."
Encore ce mot. J'avais envie de lui enfoncer mon stylo dans la bouche pour le forcer à avaler et l'étouffer. A m'entendre penser ... C'était moi le psychopathe. Mais ce patient avait le chic pour m'énerver. Je devais juste faire attention à ne pas faire comme à notre précédente sécance, m'énerver extérieurement. J'ai écrit deux-trois mots avant de continuer mes questions.
"- Les idées que votre "tête" vous laissait, quelles étaient-elles ?
- Oh, elles étaient toutes très différentes les unes des autres.
- Développez.
Dans un soupir, il me répondit. - Eh bien, comment j'allais sortir d'ici, quel idiot je verrais encore sous la douche, ce que je ferais si je n'étais pas en prison ... Ce genre de chose.
- C'est tout ? Il n'y a pas d'autres exemples d'idées à me citer ?
- Vous vous attendez à ce que je dise : les meurtres ?
- Vous avez aborder ce sujet tout seul." Dis-je avec un léger sourire sur la bouche.
J'avais enfin de nouveau l'occasion de parler de sa soeur sans forcer une entrée pour en parler.
"- Pourquoi elle ?
- ... Elle ? Demanda-t-il en retour, fronçant les sourcils
- Molly."
Ca y est, son visage avait changé d'expression pour retrouver celle des autres séances. Froide et refermée.
"- Je n'ai rien fait à ma soeur.
- Pourtant il lui est arrivé quelque chose.
- Je ne lui ai rien fait !"
Il haussait la voix. C'était délicieux à entendre. Je sais, c'était étrange à penser cela, mais maintenant que c'était moi qui pouver jouer et non l'inverse.
"- Donc vous insinuez que vous avez fait quelque chose à une ou d'autres personnes ?
- Je n'ai rien fait à personne !
- Si vous n'avez rien fait à votre soeur, comment expliquez-vous les preuves qu'on a contre vous ?
- Je vous l'ai dit, les preuves mènent vers d'autres choses.
- Je pense que si Molly était encore là, elle aimerait que vous assumez ce que vous lui avez fait.
- Ne pensez pas à ce qu'elle dirait ! Vous n'en savez strictement rien ! Vous ne la connaissiez pas !
- Alors que dirait-elle ?
- Que son frère n'a commis aucun crime !
- Molly serait donc une menteuse ?
- La ferme ! Vous ne savez rien d'elle !"
Il se leva brusquement, pour se diriger vers la porte. Je sentais qu'il avait été à deux doigts de me frapper.
"- Détrompez-vous."
La porte se claqua brutalement, laissant même un son douloureux pour les oreilles. Je l'avais beaucoup énervé, j'en avais conscience, mais je voulais juste qu'il réagisse et qu'il finisse par me dire la vérité. Je comptais l'avoir un jour, cette vérité.